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L'Est-Républicain du lundi 12 décembre 1927. (Archives départementales de Meurthe et Moselle) (Jérôme Leclerc)
L'Est-Républicain du lundi 12 décembre 1927. (Archives départementales de Meurthe et Moselle) (Jérôme Leclerc)Voici la dernière version que nos deux inventeurs donnèrent à la presse de l'époque. Je l'ai retranscrite quasiment dans son intégralité pour que les lecteurs puissent se faire une idée sur la possible identité du testamentaire. ( En pensant un petit peu au duc d'Enghien).
Voir mon livre à la page 169." Le trésor de Marthille "
" Le professeur Willey confirme les déclarations du sourcier Zaenguerlé. "
" La nouvelle version au sujet du testament du comte Savary. "
" Sourciers, spirites, magiciens, psychistes, ne passent plus en Lorraine sans donner leur avis sur le trésor de Marthille. Le professeur Willey président honoraire de l'Institut Hypnotique du Canada, s'est conformé à cet usage qui sera bientôt une tradition. Peu après son arrivée à Nancy, annonce-t-on, il s'est mis en état de « transe » et il a eu la bonne fortune d'obtenir des communications médiumniques du plus haut intérêt. Il a tout d'abord annoncé que l'auteur du testament était un homme fort riche, on s'en doutait déjà, originaire de la Touraine, qui vint à Marthille pour y cacher son trésor.Monsieur Willey fait remonter le testament à 1725. Ceux qui cherchaient "Marguerite" disaient au contraire qu'il portait la date du 17 avril 1822. Ensuite monsieur Willey se mit en état de clairvoyance et il dressa un plan des souterrains et des ruines de Marthille qui concorderait absolument, assure-t-on, avec celui que les prospecteurs du Bois des Seigneurs ont entre leurs mains ;...
" Ainsi donc monsieur Willey qui vient d'Amérique précédé d'une flatteuse réputation, confirme les constatations et déclarations de monsieur Zaenguerlé, le sourcier de Pagny-sur-Moselle ;...Pendant que toutes les personnes douées, peut-on dire, d'une seconde vue, aperçoivent très distinctement deux masses métalliques qui, à n'en pas douter, constituent le trésor, monsieur Gaston Masculier s'est rapproché de Marthille.
Il a en effet quitté Metz pour venir habiter à Pont-à-Mousson où sa qualité de détenteur du mystérieux testament lui vaut une considération toute particulière. Il passe des journées agréables, entouré de quelques amis avec lesquels il jette des plans pour pratiquer de nouveaux sondages. Mais jusqu'à présent nul ne peut se flatter d'avoir vu l'original du testament.
Monsieur Gaston Masculier ne l'aurait montré qu'à un seul camarade très sûr qui prêta le serment de n'en point divulguer le contenu intégral. Cependant afin de donner à ceux qui commencèrent les fouilles quelques précisions, il leur a montré, tapés à la machine à écrire, plusieurs passages du testament. On en peut conclure que le trésor aurait été caché à Marthille, non point sous la restauration, comme on l'avait cru jusqu'à présent, mais pendant la grande révolution.Il semble en effet résulter de ces passages du testament, que le comte Jean-François Savary avait émigré à Cologne avec sa femme et sa fille. Il avait dû précipitamment s'enfuir en laissant son or et ses bijoux dans sa propriété. Pour les reprendre, il tenta une expédition, de Cologne, il revint seul sous un faux nom à Versailles où il trouva un ancien et fidèle serviteur. Ils se rendirent alors dans les domaines du comte. Le testament n'indique pas où ils se trouvaient. Ils équipèrent un chariot chargé de bûches de bois dont beaucoup furent creusées pour y dissimuler de l'or et des diamants. Le comte Savary recruta encore quelques anciens serviteurs qui acceptèrent de l'accompagner vers Cologne. Le testament précise que le convoi se forma près de Neuilli. Tout alla bien jusqu'aux environs de Destry. Là, une troupe de révolutionnaires voulut empêcher le comte Savary et ses compagnons d'aller plus loin. Des coups de pistolet furent échangés. Plusieurs domestiques du comte tombèrent mortellement atteints. C'est alors qu'il se replia sur la côte de Marthille avec un seul compagnon. Le comte Savary connaissait les souterrains de l'ancien château de Marthille, était venu autrefois aux environs chez les comtes de Morhange. Il se dissimula pendant plusieurs jours dans le Bois des Seigneurs.
Son domestique allait au ravitaillement à Marthille. Un jour, il revint la figure en sang, ayant été poursuivi par des révolutionnaires qui voulaient l'appréhender. C'est alors que le comte de Savary prit la résolution d'enfouir son trésor dans un souterrain du château de Marthille en se proposant de venir le reprendre quand la tourmente révolutionnaire serait passée. D'après le testament, il aurait caché la dix-sept lingots d'or de trois kilogrammes, des joyaux donnés à ses aïeux par Richelieu : des diamants, sa couronne de comte, ainsi qu'une médaille de l'ordre du Saint-Esprit et une croix de Malte.
Il aurait aussi enterré dans le bois, 2000 louis d'or à l'effigie de Louis XV. Son trésor caché, le comte Savary et son compagnon partirent en direction de Brulange. Ils furent à nouveau traqués par les révolutionnaires. Au cours de la poursuite, le compagnon du comte tomba tué par une balle.
Le comte Savary se dirigea vers Strasbourg où il arriva exténué de fatigue. Avant de tenter de passer le Rhin à la nage. Il s'endormit sur un banc. On le tira de son sommeil pour lui demander ses papiers, puis on le jeta en prison ; Sa qualité d'émigré ayant été établie, il passa devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna immédiatement à mort. Ce serait quelques heures avant de monter à l'échafaud qu'il rédigea le testament qu'il cacha dans un livre d'heures et qui devait révéler à sa famille l'endroit où il avait enfoui son trésor. Le comte de Savary ajoutait qu'au cas où sa femme et sa fille viendraient à disparaître, il léguait son trésor à l'église, un de ses oncles, ayant été chanoine à la Cathédrale de Metz. C'est ce testament, qui fut seulement retrouvé par le plus grand des hasards en 1925 dans la couverture du livre d'heures où il était resté caché...
Cette nouvelle version que l'on donne au sujet du trésor de Marthille est-elle définitive ?
On ne saurait trop l'affirmer puisque monsieur Gaston Masculier conserve le testament comme un précieux secret de famille et n'en révèle que quelques passages à ceux qui viennent avidement recueillir des confidences dont il se montre plutôt avare. "
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